jeudi 8 octobre 2015

Restitution d’un verre fin XIIe-début XIIIe siècle.



Qui dit statut social élevé, dit vaisselle de table de qualité. Pour le projet qui est le mien, je ne pouvais me contenter d’un gobelet en bois tourné, comme en voit souvent en reconstitution.
Il me fallait donc trouver une source de verre à boire datée de la fin du XIIe siècle ou du premier quart du siècle suivant, et de préférence issue de l’espace provençale, dans un souci de cohérence géographique des sources.

Bien entendu, je me penchais en priorité sur le matériel issu des fouilles du castrum de Rougiers, dans le Var. Ce site, dont l’occupation démarre dans le dernier quart du XIIe siècle, a fourni une grande quantité de mobilier, spécialement en ce qui concerne le verre, des ateliers de verriers étant présent au sein du castrum à une période plus tardive que celle qui nous intéresse ici.
La forme la plus répandue à Rougiers pour la période fin XIIe-première moitié XIIIe siècle est celle du verre bitronconique, plus précisément la forme A3 selon la classification établie par Danièle Foy.
Ces verres sont caractérisés par une teinte vert-jaunâtre, et la présence de fondant potassique  incluant un faible pourcentage de sodium.
Un descriptif assez détaillé de la méthode de fabrication de ces verres se trouve dans un article de cette dernière paru dans le n°5 de la revue Archéologie Médiévale (1975), accompagné d’un dessin technique de ce type de verre. Le profil donné est celui d’un verre d’environ 11 cm de haut, avec une ouverture de 7 cm.

Une fois les informations techniques recueillies, il fallu trouver un artisan susceptible de réaliser cette reproduction. Parmi ceux auxquels j’avais soumis ce projet, François Dubois et Chloé Grevaz (« Les Infondus ») furent les plus réactifs et les plus intéressés par le projet. Moins d’un mois après les avoir contactés, je recevais le verre, accompagné d’une autre reproduction destinée au Musée Itinérant.
Leur réalisation est d’une très grande qualité, les côtes de l’original ainsi que sa teinte sont respectées, et la finesse de l’ensemble rend justice à la verrerie médiévale, hélas méconnue.
 Copie d'un verre bitronconique forme A3, par Chloé Grevaz et François Dubois.
Sur cette photo, le verre est accompagné d'une ampoule copiée sur un original découvert dans l'église "Saint-Pierre et Saint Georges", à Vienne dans l'Isère, et daté du XIIe siècle. Ce type d'ampoule a aussi été découvert à Viviers, en Ardèche. Réalisation : François Brillard.


Bibliographie :
Démians d’Archimbaud Gabrielle, Les fouilles de Rougiers : Contribution à l'archéologie de l'habitat rural médiéval en pays méditerranéen, éditions du C.N.R.S., 1981 ; rééd. 2010.
Foy Danièle, « L’artisanat du verre creux en Provence Médiévale », Archéologie Médiévale, 5 ,CRAHM, Caen, 1975, p.104-138.
Foy Danièle, Le verre médiéval et son artisanat en France méditerranéenne, ed. du C.N.R.S., 1988, 467 pages.